N comme nombrilisme

Vous en êtes à la lettre N et un mot vous vient à l’esprit me concernant. Vous n’osez peut-être pas l’exprimer par solidarité avec les sans-emploi, par empathie, superstition (la peur d’être à leur place, grrrr…) mais à ce stade de l’abécédaire, ce mot envahit votre cortex, se pose sur votre langue comme un petit cheveu qui vous fait zozoter, vous le susurrez, mais je l’entends.  Si si … articulez, n’ayez pas honte de le dire. Vous n’osez toujours pas ?

Je vais donc vous aider et le verbaliser pour vous : « Nom-bri-liste » ! Ne serais-je pas devenue nombriliste, égocentrique, un brin mégalo ?

Probablement. Surement même. Je me regarde le nombril, dissèque le moindre commentaire, distribue les bons points, juge et jauge le degrés d’empathie de Pierre et Paul, au point peut -être de virer procureur.

Après l’effet chronobiologique du chômage (Cf V comme Vacances), une tendance au nombrilisme peut en effet être observée : se mettre, et surtout, se croire au centre du monde en observant tout à l’aune de son propre prisme.

Ce symptôme est fréquent dans ce genre de situation. Ce n’est pas sale comme dirait le doc des années Fun. Faut-il simplement en être conscient. Par ce billet je vous le prouve : j’en prends la pleine conscience et je vais tenter de me soigner en prenant désormais soin des autres.

Qui ne se rêve pas en effet en chevalier blanc, en super héros de l’humanitaire, le début de la semaine au Restau du cœur, et l’autre partie au Secours Populaire, ou même à une Porte du périph, Porte de St Ouen, à accueillir les réfugiés qui n’ont pas de quoi se couvrir, eux, le nombril.

Etre partout où les gens ont plus besoin de vous … Au lieu de ça, me voici ici, derrière mon écran, au chaud, dans la nébuleuse de WordPress, à errer entre Twitter et Facebook, à mettre des mots sur mes maux, juste les miens, les maux d’une chômeuse citadine, épouse et maman qui mange à sa faim, abîmée mais pas affamée … Evidemment, je ne suis pas la plus à plaindre mais les vagues à l’âme ne se hiérarchisent pas et pour bien aider les autres il faut d’abord panser ses propres bobos.

Je l’ai promis à mes proches : une fois cet abécédaire terminé, une fois ma colère (légitime) posée, je ne me regarderai plus le nombril. Je relèverai la tête pour voir le champ des possibles.

V comme vacances

Début juillet : bientôt les congés payés!

On sent déjà l’odeur du monoï et du rosé bien frais, on croit même sentir le sable chaud nous chatouiller les mollets.

Les kermesses sont terminées, le bac a été décroché, et les programmes télé ont tous été remplacés par d’autres (encore plus médiocres). Aucun doute : la période estivale est officiellement ouverte !

Sur les réseaux sociaux, difficile d’échapper aux nombreux post de nos « amis » qui lancent le décompte avec leur « J -»  quand certains plus généreux (ou très mégalo) nous font vivre heure par heure leur voyage « embarquement » « avion posé »  « pause pipi chez Flunch. Dernière étape avant le sable » avec à chaque fois les émoticônes adaptés au propos ; certains privilégieront les visuels pour nous informer. Nous deviendrons ainsi incollables sur la météo : de Tunis à Sydney en passant par la Grande Motte et Berk nous connaitrons le temps qu’il y fait grâce aux nombreuses captures d’écran de l’appli météo. Certains, plus minimalistes, se contenteront de poster sans commentaire une photo de leurs pieds devant une piscine ou un Mojito, nouvel emblème post moderne des vacances, de la farniente !

Alors on le clame, on le post, on le twitte : ce sont les vacaaaaances comme le chantait hier Lorie quand elle nous rappelait à l’envi que c’était le Week-end, yeah, yeah ».

Les vacances donc. La libération, la fin de l’aliénation pour les travailleurs en cols bleus ou blancs.

En juillet, les travailleurs de droite sont, une fois n’est pas coutume, reconnaissants de la lutte menée pour instaurer ce droit aux congés payés.

En juillet et août, tous les travailleurs deviennent camarades.

Qu’on parte ou pas, les vacances sont nécessaires. En faisant un break, le corps et l’esprit se reposent. Et puis les « grandes vacances » représentent un cycle. Un de plus qui permet de fractionner l’année. 

Mais au chômage les cycles disparaissent progressivement. On garde certains repères : la rentrée scolaire en septembre, le nouvel an en janvier, les œufs et le chocolat à Pâques, le tour de France début juillet. Entre ces quatre échéances, le chômeur n’a plus vraiment de repères, hebdomadaire surtout. Semaine / week end ne signifient plus grand chose.

C’est la conséquence chrono-biologique du chômage, le deuxième effet Kisscool.

Certains se plaisent d’ailleurs à nous le rappeler « mais toi tu es tous les jours en vacances, hein ? Ah ah ah ! »

Avec ce rire gras et vulgaire, l’idiot du village n’a pas vraiment tort. Ce qu’il ignore en revanche c’est l’effet dévastateur généré par ce repos forcé et subi. Pour nous, vacanciers à durée indéterminée, c’est comme si nous étions toujours en mode jour, comme si la nuit avait disparu ou plutôt l’inverse.

Bref on est déréglé. Seuls peut-être les cycles menstruels permettront aux chômeuses de garder certains repères !

Déréglés, nous trouverons notre salut en nous calant sur le rythme des autres : ceux qui travaillent et nous rappellent sans cesse qu’ils sont fa-ti-gués, é-pui-sés de cette année, avec toutes ses réunions, ses charrettes, ses compét’, ect… 

On n’ose pas leur dire, par pudeur et culpabilité, que nous aussi on est cra-mé !

Fa-ti-gué, é-pui-sé de cette année a envoyer des candidatures, la plupart restées sans réponse, à tenter d’interpréter les refus et les silences qui vous rongent, a networker, a se déguiser, à s’abaisser, à ruminer, à se remettre en cause, à s’auto évaluer…

L’introspection est une activité très chronophage et épuisante car elle se pratique le jour mais surtout la nuit.

Alors peut-être avons-nous bien mérité, nous aussi, nos vacances.

Ne serait-ce que pour avoir, le temps de quelques semaines, les mêmes repères que les autres et ne plus se sentir ainsi décalé(e).

D comme déguisement

Le jour de mon mariage je ne voulais surtout pas être déguisée.

Pas de robe meringue donc avec cinq épaisseurs de tulle ni de chignon bien laqué et plaqué.

Et je ne l’ai pas regretté. 

J’ai toujours cru bien maitriser les règles de bienséance, notamment les codes vestimentaires.

Je pensais savoir ajuster mes tenues en fonction de situations différentes comme Cristina Cordula : telle tenue pour un mariage, un entretien, un pic-nique entre amis, un rendez-vous réseau, la première fois chez belle maman…

Je pensais vraiment maitriser tous ces codes jusqu’à ce fameux rendez-vous. 

Ce jour où j’ai eu l’immense, l’extrême honneur de rencontrer ces deux hommes,  consultants dans un prestigieux cabinet de conseil à deux pas des Champs Elysées.

Deux quadra en costume trois pièces et Berlutti aux pieds, bloc-notes et Montblanc à la main.

En les voyant arriver – l’un petit et l’autre grand, très grand genre Laurel et Hardy – je devine la confusion. Un rendez-vous avait en effet été pris avec l’un d’entre eux et le ton devait me semble t-il être informel. Je l’avais sollicité pour avoir un rendez-vous réseau comme on dit pour avoir des conseils sur le secteurs de la communication et du conseil.

Que les choses soient claires : ce rendez-vous n’était absolument pas un entretien d’embauche (d’ailleurs, je ne lui avais pas, volontairement, adressé mon CV). Ce devait être une prise de contact, pour élargir mon réseau.

Pour autant, je n’y suis pas allée en jogging ni en pantalon chino (les fashionista reconnaitront). J’ai bien sur porté un grand soin à ma tenue en empruntant les codes appropriés à ce type de rencontre : « Ma chérrrrriiiie, tu devras être classe, chic ourbaine mais oublies la veste blaser des années 80 » disait la Christina qui (je croyais) était en moi.

C’est donc en talons (Mellow Yellow) que je vais à ce foutu rendez-vous.

En talons donc et pantalon couleur jean brut avec le pli devant bien repassé, chemise slim violette à pois bleus (Gap) bien rentrée à l’intérieur, et manteau bleu marine (Kookaï).

Côté accessoire, j’ai opté pour un sac ultra chic (Chloé) … Oui la chômeuse a des goûts de luxe ! Une tenue soignée donc avec des marques tendance réputées pour leur élégance. Je n’ai pas tapé chez Morgan ni Jenyfer !

Pour la mise en beauté, le maquillage me semblait conforme à ce genre de rendez-vous : un teint clair et uniforme en évitant bien sur l’écueil orange façon uv++, mascara sur les cils, un fard à paupière accordé à la couleur de mes yeux, un blush discret et un rouge à lèvres lui aussi discret pour valoriser le regard … Bref rien n’est laissé au hasard. Je pensais justement envoyer de bons signaux : je soigne parfaitement mon allure mais voyez-vous je sais que ce rendez-vous n’est pas un entretien, voyez comme je maitrise les codes ! 

1h30 de testostérone plus tard et de « Moi-Je » (« et j’ai bossé dans tel cabinet ministériel », « et moi j’ai conseillé tel ministre » « je connais très bien le Dir cab de Fleur Pellerin». J’ai même cru un bref instant qu’ils allaient me parler de leur grosse … voiture), les deux pingouins m’expliquent la force et la noblesse du conseil, du lobbying, et les difficultés liées à ce métier. « Le conseil ce n’est pas la com ; c’est autre chose. Il faut être capable de mettre certains idéaux de côté pour défendre certains groupes » (un peu plus et ils se comparaient à des légionnaires).

«Seriez-vous prête, par exemple, à défendre l’industrie pharmaceutique ou celle de l’armement » me demande l’un des deux légionnaires en Berlutti. « Bien sur » lui dis-je, prête à tout pour maintenir le contact, élargir le réseau. J’envoie même un commentaire qui critique mes paires « Oh, vous savez le journalisme c’est aussi très souvent du lobbying » (ce qui n’est pas faux). A ce moment là je franchis un cap. A ce moment là je travestis mes opinions, je deviens un caméléon, je m’adapte … Certains pourraient même dire que je deviens opportuniste.

Je pensais avoir la tenue adéquate, le discours conforme, adapté à ce type de rendez-vous. J’ai su écouter, j’ai su réagir, j’ai su travestir mes opinions. Et pourtant ce fut insuffisant.

Pour eux, je n’étais pas assez déguisée. En conclusion du rendez-vous, le grand pingouin tel un ami qui me veut du bien me donne ce qu’il considère être un précieux conseil :

« Vous savez Anna (l’air un peu gêné) il faut quand même qu’on vous donne les clés : le conseil et même la communication (secteur plus méprisant à leurs yeux) sont des secteurs contre intuitifs, comprenez par là qu’il y a certains codes vestimentaires à maitriser (…) c’est comme ça. Nous par exemple on n’a pas forcément envie d’être en cravate tous les jours mais on le fait quand même ». 

De quoi me parle-t-il ? De qui me parle-t-il ? De moi ?!

J’encaisse. Une partie de mon cerveau continue à donner le change (les règles de bienséances, encore et toujours).

J’en ai beaucoup entendu depuis ces longs mois de chômage sur mon parcours: les trous dans mon CV (enfin mes grossesses) ma supposée hésitation entre la télé, la presse, le web mais jamais rien sur ma tenue ni mon style. C’est donc une première.

Je comprends très vite que mon pantalon couleur jean brut avec pli parfaitement repassé a fait écran à tout ce que j’avais pu dire de pertinent ou pas.

Je rentre chez moi dépitée, une fois de plus, mais surtout profondément vexée.

J’ôte ce pantalon qui m’a visiblement porté préjudice.

Je me démaquille, le mascara avait déjà coulé dans le métro (la colère et l’humiliation probablement).

En me regardant dans le miroir, je me promets comme pour ma robe de mariée de ne jamais céder au déguisement. Je ne déguiserai plus mes propos non plus.

Quand on se déguise, un jour ou l’autre, le masque tombe toujours !

S comme Starbucks

starbuck

Au chômage avoir rendez-vous au Starbucks n’est pas anodin. Rien avoir avec un banal café pris à la Brioche Dorée !

Avoir rendez-vous au Starbucks ce n’est pas simplement la promesse de découvrir une boisson aux saveurs saugrenues, ni même celle d’apprécier une excellente pâtisserie, à peine trop grasse.

Non, pour une personne sans emploi, avoir rendez-vous au Starbucks c’est bien plus que ça :

–       c’est déjà avoir rendez-vous avec quelqu’un et croyez-moi réussir à maintenir le lien social n’est pas évident !

–       c’est avoir rendez-vous avec une personne qui croit plus ou moins en votre potentiel et vous confère, le temps d’un frappucino, un statut socio – professionnel, aussi précaire soit-il.

–       c’est l’espoir de définir un nouveau projet professionnel.

–   c’est le début d’une nouvelle étape. Les prémices d’une nouvelle carrière. 

Au Starbucks vous y êtes presque. Là tout près. A la frontière avec l’autre monde : celui des actifs, ceux qui travaillent, produisent, ceux qui ont, ceux qui sont.

En notant un rendez-vous au Starbucks dans son agenda, on ne se sent déjà plus au chômage.

Il y a d’abord la posture :

–       Le jour J, on abandonne bien sur le jogging ou autres pièces fluides et larges qui supposent un certains mépris des derniers codes fashion du moment et on adopte un look  chic urbain car un magasin Starbucks est toujours implanté en centre ville. On se maquille et on s’habille à peu près comme pour un entretien. Voilà pour les codes.

–       on s’équipe comme une pro: ordinateur portable (ou tablette pour les chômeurs plus aisés ) chargeur, carnet, stylo et si on osait on déballerait même un rétro projecteur pour présenter son projet avec des slides en mode « présentation projet ».

Ensuite il y a le fond : les idées (Cf I https://annaploime.wordpress.com/2014/04/10/i-comme-idee/) les siennes et celles des autres).

Au royaume du macchiato vanillé, toute idée devient concept et tout concept devient projet …Tadadadada … Ca se passe comme ça au Starbucks Coffee !

Un mac’, une table avec lampe de bureau, une connexion Wifi et c’est parti ! On peut enfin rêver. On s’y voit déjà ! Non pas en haut de l’affiche mais sur l’affiche.

Au Starbucks, le chômeur se sent bien. Au milieu des autres, ceux qui débriefent leur réunion, révisent leur bac, refont leur CV, le « sans emploi» est avec les autres. Un peu comme ces personnes retraitées qui s’entêtent à grossir les rangs des files d’attente des caisses en pleine heure d’affluence …

Oui au Starbucks, le chômeur se sent bien. Ici pas de numéro d’identifiant, ni de mot de passe … Mais un prénom, le nôtre, écrit à la main sur notre gobelet et pendant quelques secondes (le temps d’une autre commande) on redevient quelqu’un. On s’adresse à nous sans nous poser cette redoutable question qui agace et finit par piquer «  Vous faites quoi dans la vie ? » Ici on s’affranchit de cette question.

starbuck

Drôle d’endroit ce Starbucks …. 

Sans le vouloir et sans même le savoir, la plus grande chaine multinationale de cafés est devenue un symbole : celui de la mixité. Elle réunit deux mondes que tout oppose : celui des actifs et des chômeurs.

Drôle d’endroit où ces deux mondes se croisent, se côtoient.

Drôles d’endroits ces Starbucks devenus en quelques années l’anti chambre officielle des chômeurs ; des chômeurs qui élaborent autour d’un pan cake sauce érable leur énième plan pour-monter-leur-boite.

Le temps d’un après-midi le chômeur n’est plus sans emploi mais en reconversion professionnelle. Oui la nuance est importante ; elle n’est pas que sémantique.

Pour ne plus être au chômage et ne pas se laisser dévaster par ses conséquences il faut avant tout ne plus être psychiquement inactif, ne plus être au chômage dans sa tête pour croire encore en soi.

Alors même à 5 euros le café (le grand) je suis prête à en boire des litres…!

M comme Maman, comme Mômeuse

Nathanaël Rouas nous a récemment présenté le concept du « Bomeur » pour nous parler de ces jeunes trentenaires bobos chômeurs.

On entend de plus en plus parler de ces Mumpreneurs ou bien des WorkingMum.

Bref de ces supers mamans qui gèrent vie pro et perso.

A mon tour d’imposer un néologisme: Mômeuses, mi-chômeuse mi-maman, être maman au chômage.

A priori, la contraction de ces deux mots est antinomique : une maman par définition travaille toujours, parfois même au-delà de ce que le code du travail a prévu. 

Une Mômeuse est une maman dont le job, inhérent à sa fonction est physiquement et psychologiquement éreintant, non rémunéré et encore moins reconnu par les siens ni même par un quelconque cabinet de recrutement. 

Très hybride, le statut de la Mômeuse est assez difficile à définir :

Mi ménagère, mi active

Mi fashion, mi jogging

Mi « fait maison », mi Picard

Mi épanouie, mi déprimée. 

Et le concept soulève quelques questions philosophiques: 

– Peut-on être considérée comme une personne « sans emploi » lorsqu’on est une maman de jeunes enfants ?

–  le travail non rémunéré est-il considéré comme tel ?

– si non, quel mot attribuer à ces femmes levées dès 7h chargées d’habiller, nourrir, débarrasser, ranger, accueillir, récompenser, expliquer, consoler, cajoler, corriger, éduquer, émanciper de jeunes êtres en devenir ?

– la rémunération fait-elle le travail ?

– qu’est ce que travailler ?

– travailler est-ce se réaliser ?

– l’émancipation des femmes est-elle devenue une réalité ? Un objectif encore à atteindre ou bien une totale utopie ? 

Bien sur, nous ne soumettrons pas ces questions à Eric Zemmour ni à ses disciples. En revanche, je serais ravie de pouvoir les soumettre à l’équipe des Maternelles, spécialiste des questions liées à la maternité, parentalité, sexualité après-l’arrivée-de–bébé, têtée, congé de parentalité, gémellité, fécondité, stérilité, parité, et autres mots en–té. 

J’ai tenté de contacter Elsa Grangier, la chroniqueuse super friendly de la team de France 5 aux 2600 followers, mais en vain.

Peut être était-elle « bookée », même « overbookée », comme toutes ces mamans que je croise sur le chemin de l’école et qui sont de facto exemptées de toutes sorties scolaires et autres contributions à la vie scolaire. 

Jalouse Anna ?

Et bien oui ! Oui, je suis jalouse de toutes ces WorkingMum toujours à la bourre quand elles déposent (ou jettent) leurs enfants devant l’école à 8H57, soit 3 minutes avant la sonnerie.

Tellement jalouse de leur excuse implacable : « Je ne peux pas je travaille »

Oui jalouse, car à elles on ne leur demande jamais de venir à la sortie à l’Aquarium, à la Ferme ou pire à la piscine pour aider la maitresse à habiller quelques 29 élèves.

Comme elles, j’aimerais ne pas avoir le temps pour :

– faire le marché et donc bouffer sans même culpabiliser des plats cuisinés avec du bœuf voire du cheval !

– éviter le tunnel 17h-20h pour cause de charrette comme on dit !

– écrire mes lettres de motivation quand je veux, et aller aux apéros pour networker !

Vous l’aurez compris, mon choix de vie n’a jamais été d’être mère au foyer.

Maman, oui ! Mais pitié avec un job épanouissant (ou pas), des tickets restau, des pots de départs et d’arrivée et des collègues à critiquer. 

Je ne suis pas la seule à le dire : le job de maman est bien plus stressant que la vie au bureau (cf : étude américaine, Council on Contemporary Families, mai 2014)

Et ce stress est multiplié par deux quand il s’ajoute à celui généré par une périlleuse quête d’emploi.

Oui la vie de Momeuse n’est pas facile! Et je profite de cette modeste tribune pour faire un appel à Marlène Schiappa, fondatrice du mouvement « Maman travaille » pour m’aider à plaider la cause des Mômeuses !

La Mômeuse est une femme souvent dans l’ambivalence : étriquée entre ses missions de maman et ses ambitions de carrière. Comme toutes les mamans elle adore ses enfants. Et comme de nombreuses femmes elle souhaite travailler comme sa mère, et sa grand-mère auparavant. Rien à voir avec un quelconque féminisme. Juste l’envie de se réaliser autrement qu’à travers la maternité.

La Mômeuse regarde souvent Les Maternelles, seule émission qui s’adresse aux mamans qui travaillent, ou pas. Pendant une heure, elle a l’impression qu’on s’adresse à elle. Elle : cette femme devenue maman.

L’émission terminée, elle retourne faire une machine avant de postuler en ligne … ou inversement.

Elle a jusqu’à 16h pour être efficace.

 

T comme Temps

Au chômage la relation au temps change radicalement.
Rien a voir avec la météo ! Non au chômage le temps est de toute façon toujours maussade.
Non je veux parler du Temps, celui qui passe, défile et nous rattrape.
Mais surtout du temps libre … Celui après lequel tout le monde semble vouloir courir. 
Ce temps libre qui fait tant rêver, parfois fantasmer, ce même temps peut pourtant effrayer, angoisser et nous faire glisser progressivement, subrepticement dans l’abîme quand on est au chômage.

Mais avant de poursuivre, une redéfinition, ou plutôt une re-contextualisation s’impose.
Le temps libre choisi, anticipé, programmé, limité cela s’appelle des VA-CANCES : payés ou sabbatiques, ces congés sont désirés, et très souvent source de plaisir. 
En revanche, le temps libre imposé, illimité, est quant a lui subi et source de ruminations. Le temps libre devient paradoxalement aliénant.

Cette petite explication me semblait capitale pour permettre une meilleure perception du temps libre selon qu’on est actif ou au chômage.

Combien de fois ai-je entendu ces phrases :
« Tu as de la chance, Moi si j’avais du temps JE :
ferais du sport, 
– me mettrais à l’anglais,
– ferais de la couture
– irais voir plein d’expo,
– ferais des formations
– serais bénévole
– apprendrais la zumba
– cuisinerais tout bio
Oh lala si j’étais à ta place, tu ne vas pas me croire, je n’aurais même plus une minute à moi »

Non, en effet, je ne te crois pas.

Le temps libre serait donc seulement des heures à combler, un sac vide à remplir …
Tous, amis, ex-collègues, même mon mari semblent avoir LA solution : m’O-CCU-PER !! Pourquoi ne pas faire du bridge et des cup’cakes c’est tellement tendance!! 
Occuper, combler, courir … donc. 
Et finalement, peut être le fuir ce temps, voilà donc leurs conseils pour m’aider ?
M’aider ? Sans le savoir ils m’enfoncent, m’accablent, m’enivrent avec tous leurs
« y’a-qu’a-tu-devrais » et me renvoient une image nonchalante. Ils arrivent même à m’en persuader… c’est vrai je devrais me bouger, faire plein de trucs, être hyper active, être Pro-Du-Ctive !!

Mais ce n’est pas si simple. D’abord être au chômage implique la recherche d’un nouvel emploi et des heures à rédiger des lettres de motivation, à refaire des CV, contacter son réseau (cf R comme Réseau), se faire de nouveaux contacts, aller à des vrais-faux entretiens (cf E comme Entretien). 
Espérer/déprimer/de nouveau espérer/redéprimer/être déçue/pleurer/ se persuader qu’on est toujours capable/renforcer son ego/se valoriser tout en acceptant de bifurquer/ trouver de nouvelles idées (cf I comme idée) de reconversion/
Fatiguant non ? Mais surtout très accaparant. Ben oui ce chaud-froid permanent ce sont des émotions et les digérer vous allez rire, ça prend beaucoup de temps, cela empiète même sur son temps libre : comprendre, analyser, se remettre en cause … Avec tout ça, vous croyez vraiment que j’ai le temps d’aller à des expo et faire de la zumba ? Non sérieusement !!

Ces rendez-vous avec soi-même sans pouvoir annuler, ça prend un temps fou…. Parfois je n’ai même plus le temps !

Et puis qui dit temps libre ne signifie pas pour autant envie et désir (cf D comme Désir)! Faut être au top pour vouloir bouger ses fesses sur des rythmes brésiliens quand dedans on est plutôt en mode fado… faut avoir envie, même plus, il faut avoir l’envie d’avoir envie comme chantait Johnny.

Le temps libre donc … Un concept grisant au mois d’août sur une plage de sables blancs, mais beaucoup moins sympa en plein mois de novembre, avec des indemnités qui fondent comme neige au soleil.
« Vouloir du temps pour soi »? Je vous invite tous à prendre cette expression au pied de la lettre. Mais attention vous risqueriez de déchanter, vous pourriez même être débordé.
L’introspection, ca prend du temps !

 

F comme Famille

Victime collatérale de mon chômage, mes proches subissent directement et indirectement les conséquences de ma périlleuse quête d’emploi :

–       ma mauvaise humeur quasi chronique, au point même de devenir l’un de mes nouveaux traits de caractère,

–       mes pseudos certitudes rabâchées sur les raisons de mes échecs,

–       mon introspection qui se confond parfois avec un certain nombrilisme (Cf N comme Nombrilisme )

–       ma prise de poids et mes cheveux gras.

Tout. Ma famille partage tout avec moi. Sauf peut être une seule chose : mon exceptionnelle bonne humeur. Rare et précieuse, je la réserve aux autres, bienveillants ou malveillants, auprès de qui je mets un point d’honneur à entretenir mon capital sympathie.

Pour ma famille, je ne fais aucun effort puisque tout est acquis depuis maintenant plus de 35 ans.

Je devrais pourtant les cajoler, les choyer, les préserver ne serait-ce que par reconnaissance car au-delà de leur patience et leur soutien, la plupart de mes proches ont contribué à mes indemnités. Mais rien à faire, je projette sur eux mes frustations, mes colères, mes angoisses en prenant toujours un soin particulier à ne jamais leur faire partager mes joies et mes espoirs … lesquels pourraient m’ôter le monopole de la colère.

N’y voyez aucun acharnement ni désamour pour eux mais sans collègue sur qui déverser ma haine je suis bien forcée de composer avec le seul public dont je dispose : ma famille, ma seule prise, parfois même ma seule cible.

Tout devient alors prétexte pour les faire culpabiliser sur ce qu’ils auraient dû faire ou être pour empêcher mon long séjour à Pôle emploi.

– A ma mère, je lui reproche … tout ! Et plus particulièrement son manque de soutienau spectacle de fin d’année quand j’étais en CM2, celui pour lequel j’avais imaginé la chorégraphie avec deux copines assez stupides pour me suivre dans cette représentation ridicule … Si seulement elle m’avait davantage renforcée narcissiquement tout aurait pu être différent. Une carrière se joue parfois à quelques détails près, si si …

– A ma sœur aînée, je lui reproche d’être la cadette et de m’avoir ainsi volé le premier rôle. J’ai lu beaucoup de théories socio-psycho-anthropologiques sur les traumatismes du cadet, et c’est fou comme on sous estime les conséquences sur l’affirmation de soi, si si …

– A mes défunts grands-parents, je leur reproche de m’avoir trop aimée, trop protégée de tout, surtout de moi même. C’est sans doute aussi de leur faute si je n’ai pas su être auto entrepreneur ni même entrepreneur tout court.

– A mon mari, je lui reproche d’être hyper actif au point de m’avoir fait deux enfants, et ce quasiment la même année et de me priver ainsi toute perspective de faire une belle et grande carrière !

– Enfin, à mes jeunes enfants, je leur reproche de sortir de l’école si tôt, trop tôt, pile au moment où me vient l’envie soudaine de rédiger mes lettres de motivation et d’entretenir mon réseau primaire, secondaire, tertiaire et plus… (Cf R comme réseau)

Oui tout est finalement de leur faute.

Tous mes proches qui me soutiennent,

Tous mes proches qui m’enveloppent …

Tous mes proches qui ne cessent de m’encourager…

…. Heureusement qu’ils sont là !

I comme Idée

marguerite duras

Pour ne pas subir ton chômage, tu dois agir et pour cela un seul moyen : avoir des idées.

Farfelues ou ingénieuses, elles te garantiront forme et optimisme.

Elles t’aideront un jour à sortir de cette léthargie qui te guette.

Et, accessoirement, te permettront d’adopter la posture idéale pour donner le change aux super héros du « moi à ta place ».

Ne jamais être en panne d’idée donc.

Toutefois, il faut veiller à ne pas se disperser car sinon tu risquerais de te retrouver perdue, un peu comme une élève de terminale surinformée au salon de l’étudiant. Mais dans ton cas, pas de brochure de l’ONISEP pour t’aider du genre « Trouver de bonnes idées pour rebondir après 35 ans ».

Des idées, les autres en ont souvent des cartons entiers, pour eux-mêmes mais surtout pour toi :

Toi qui es au chômage,

Toi qui as du temps (cf T comme Temps),

Toi qui dois rebondir,

Toi qui dois savoir t’adapter.

Et selon eux, je pourrais – presque – tout faire. Rien qu’à les écouter, j’ai parfois le tournis !

La liste ci-dessous des idées (mais pas de mes envies) suggérées est bien sur exhaustive. Je vous épargne les pistes totalement saugrenues et les quelques scénarios dans lesquels je devais :

–       reprendre mes études pour être assistante sociale ou sage femme (car j’aime bien écouter les autres et m’occuper des nourrissons, même si les miens m’ont fait perdre la tête),

–       reprendre mes études pour être avocate (car j’aime prendre la parole pour défendre la veuve et l’orphelin),

–       suivre une formation pour me lancer dans l’agriculture bio (car j’aimerais les bonnes choses et m’intéresserais, certes de loin, à la planète).

D’autres idées, plus accessibles, m’ont été proposées :

–       Facile et très tendance : la Com’ ! Même si l’expression ne veut plus rien dire aujourd’hui, ce secteur est devenu tellement englobant (pour ne pas dire fourre tout) qu’on peut facilement en être. Après tout, beaucoup de journalistes font de la com’ en relayant celle du gouvernement, des lobbies, des syndicats… A priori, « faire de la com’ » je saurai donc faire.

–       Plus noble et très utile : l’enseignement. Apprendre et accompagner les enfants dans leur apprentissage … pourquoi pas ? Il y a un public, une scène, mais il me manque ce p’tit truc en plus que l’on appelle… vocation.

–       Monter sa boite de conseil. C’est un peu comme la Com’ avec la dimension stratégique en plus. Un métier qui suppose un réseau solide en politique, journalisme et communication … Le conseil ou lobbying peut s’avérer très gratifiant : influencer les puissants, les médias, le public … Pour un profil narcissique comme le mien, cette perspective mérite considération et réflexion … Mais finalement les deux hommes d’un grand cabinet de conseils, en Berluti et costume trois pièces (cf K https://annaploime.wordpress.com/2014/04/10/k-comme-ke/) que je rencontre lors d’un entretien Réseau (R comme https://annaploime.wordpress.com/2014/04/10/r-comme-reseau/) me conseillent très délicatement de songer à une autre piste et, au passage de revoir mes codes vestimentaires s’y jamais je décidais de persister dans cette voie.

–       Mère au foyer ? Très noble et utile certes. La profession ne requiert pas de formation spécifique (quoique) mais demeure très mal rémunérée et souffre d’un cruel déficit d’image. Quant au public – critère très important dans ma recherche d’emploi – il est très restreint, ingrat et bien plus exigeant que tous les autres…

Résultat ? Je n’ai plus aucune idée de ce que je veux et sais faire.

Au bout de cette pêche aux bonnes idées : des doutes, beaucoup de doutes

Mais un jour la bonne idée surgit : écrire mes modestes aventures de chômeuse. Comiques, décevantes, rageantes, ubuesques … mais heureusement jamais dramatiques.

Bloguer juste pour se libérer et ne plus avoir mal au dos.

Bonne ou mauvaise, cette idée s’avère thérapeutique.

Et c’est très bien ainsi !

E comme entretien

Mes contacts m’ont vivement conseillée de postuler à cette radio nationale en pleine croissance.

La personne qui me reçoit est la directrice de la rédaction. Pas d’erreur donc, j’ai bien postulé au secteur d’activité qui correspond à mon parcours professionnel.

Elle est journaliste comme moi. Mais son parcours est parfait, comprenez : linéaire, cohérent (la radio, toujours la radio) et quasi sans interruption malgré ses grossesses, bravo Madame !

Auprès de cette rédaction, j’avais postulé en envoyant mon cv accompagné d’une lettre de motivation : des us et coutumes qui résistent encore, difficilement certes.

« Bonjour Anna,Merci de vous être déplacée. Je ne sais pas quoi vous dire (décris moi le poste à pourvoir cela pourrait être un bon début)On ne recrute pas en ce moment, et quand bien même, je ne saurai pas dans quel service vous placer car vous ne correspondez pas vraiment aux profils que nous recrutons. Je suis désolée ».

Moi aussi. Mais en  plus d’être désolée, je suis sonnée comme après un uppercut.

On m’a donc donné un rendez-vous pour me dire avec plus ou moins de délicatesse que mon parcours et mon profil étaient incompatibles avec cette radio.

On m’a donc donné rendez-vous pour me préciser qu’il était difficile de répondre favorablement à ma candidature aux vues de mon parcours si atypique. Atypique…

C’est vrai qu’avec mon CAP de pâtisserie, mes deux ans au service communication d’une banque et mes 6 derniers mois passés dans une onglerie c’est un peu compliqué, voire même saugrenu de vouloir postuler à un poste de journaliste.

Soyons sérieux : à quoi rime ce genre d’entretiens ?

Avec déception, colère, amertume mais surtout incompréhension je comprends que :

  1. Un entretien ne signifie pas l’existence d’un poste à pourvoir,
  2. Un entretien ne signifie même pas que vous avez le profil adéquat en cas d’éventuelles perspectives de recrutement pour un éventuel poste à pourvoir,
  3. Un entretien dit d’embauche n’est en fait qu’un entretien, simplement un entretien au sens littéral du terme : action de converser avec quelqu’un.

Tout ça c’était donc avant …

Avant Facebook, avant Viadeo, avant Linkedin,Avant les Réseaux, ces cartes de visite et CV 2.O où chacun y résume sa carrière en la sublimant, plus ou moins…ou chacun y écrit son story telling.

 

Ces fameux réseaux qui ont bouleversé notre recherche d’emploi, en nous demandant d’Etre toujours passionné même par un stage non rémunéré, d’Etre toujours en veille, toujours sur le qui-vive, d’Etre, et de paraitre.

Etre, toujours et toujours, sans la garantie d’Avoir.

Retour à mon entretien, ou plutôt à mon vrai-faux entretien d’embauche qui se conclut avec néanmoins une mince lueur d’espoir.

Je vous conseille d’envoyer votre CV à X qui s’occupe du recrutement chez Y”

Sans perdre de temps, je contacte X qui me demande aussitôt mon CV. La piste semble donc sérieuse et j’oublie déjà les déconvenues de la matinée.

X me répond très vite : « Merci mais Y n’a pas de perspective de recrutement à court ni moyen terme …”

La même situation ubuesque deux fois dans la même journée.

Les montagnes russes, deux fois dans la même journée.

Certains tenteront de me consoler en étant pragmatique. « Désormais, ils ont ton CV, ils te connaissent, le moment venu, ils penseront à toi ».

Sans doute. Moi j’aimerais ne plus penser à eux.

R comme Reseau

A ne pas confondre avec le P de piston, gros mot appartenant à une autre époque. Non rien à voir !

Aujourd’hui on parle de réseau : une nébuleuse de vrais-faux amis, de connaissances plus ou moins lointaines dont l’influence supposée pourrait t’aider dans le monde du travail.
Hier, il te suffisait d’avoir un bon CV.
Aujourd’hui, oublie le car sans réseau il ne restera qu’un vulgaire bout de papier !

Pour travailler aujourd’hui et être sûre de ne jamais se retrouver à Pôle Emploi, pas le choix : il faut net-wor-ker : partout, tout le temps, et surtout avec tout le monde.
Reseauter, encore et toujours, et ne jamais baisser la garde.
Ludique ou plus consensuel, le networking doit devenir une deuxième nature, un deuxième job, LE job même de toute ta carrière.

Rester toujours en veille : le réseau ça s’étoffe, se renouvelle, s’enrichit. C’est ce qu’on appelle la dynamique du réseau !

Première leçon : il n’y a pas un réseau mais des réseaux.
Le premier, celui qu’on appelle le réseau primaire, se compose de personnes qui vous connaissent : amis, famille, voire même des parents d’élèves, enfin plutôt les mères d’élèves, celles qu’on rencontre tous les soirs à la sortie de l’école (période de la journée qui correspond au début d’après-midi pour ceux qui travaillent), ce moment critique de la journée qui augure une longue série de corvées, ce moment qui te rappelle justement qu’être active au sein de ton foyer ne fait pas pour autant de toi une femme active, celle qui a un vrai travail validé par une fiche de paye. Mais revenons à notre Réseau, seul allié qui t’aidera à redevenir une femme active avec plein de collègues pour déjeuner le midi.

Ces collègues, justement, qui deviennent de facto les membres de ton deuxième réseau, mais pas seulement : les ex collègues, les collègues de tes amis, bref tous les contacts de ton réseau primaire composent ton réseau secondaire. Géant, non ? Tous ces gens que tu ne connais pas au sens littéral du terme et qui deviennent, sans même le savoir, des alliés potentiels dans ta recherche d’emploi. Oui sans même le savoir car ces contacts ignorent parfois faire partie de ton réseau, ils n’ont pas le choix. C’est ainsi … Le réseau s’impose à toi, il est plus fort que toi.

Enfin troisième niveau : les réseaux parfaitement visibles et sollicités : les fameux réseaux sociaux et leurs dérives narcissiques. Facebook, Twitter, Viadeo et Linkedin pour les plus connus. 
Difficile de ne pas y être sous peine d’être suspecté d’être :
– sociopath’, voire anar
– contre les outils modernes et donc contre le progrès,
– « has been », bloqué à l’ère du Minitel.

J’ai testé les méthodes du Networking. 
Contacter, solliciter un rdv, remercier, souhaiter mes vœux au nouvel an, liker, tweeter, retweeter, reliker … et j’en tire un bilan mitigé, très mitigé. 
C’est vrai: un réseau ça s’élargit, s’étoffe et s’enrichit. Et puis ? 
On accumule des noms, on croit dérouler la pelote de laine qui nous amènera encore vers un nouveau contact lequel nous aidera à retrouver ce nouveau poste tant attendu.

Le Networking m’a même fait rêvé. Surtout ce jour où j’ai décroché un rendez-vous avec un grand Mr du PAF qui a accepté de me recevoir. Moi Anna, simple ex-chroniqueuse. Une demie-heure d’entretien durant laquelle il a beaucoup parlé de lui, et a fini par me dire «  Je ne sais pas quoi faire pour vous aider mais surtout ne vous découragez pas ! »
Lui, le bottin vivant du PAF ! Lui, le Père Fouras de la télé. Lui qui y travaille depuis plus de 40 ans prétend donc, tel un pauvre stagiaire, ne pas pouvoir m’aider ?! Même pas une petite piste, un petit nom. Nada ! 
Pourquoi m’avoir donc reçue (Cf E comme entretien)? 
Peut-être cherchait-il lui aussi à networker ? Mais serait-ce donc sans fin ?

Finalement, il m’arrive parfois de regretter le bon vieux concept du piston, certes plus péjoratif mais tellement plus efficace !