L comme Libido

Le sexe, l’envie, le désir, avoir envie de l’Autre, de soi…

Impossible de disséquer tous les états d’une Abaissée dans cet abc sans bien sur parler de sa libido.

Abaissée ou mal baisée Anna ? Abaissée, je vous le rassure.

Si selon certaines études la vie stressante du travail nuit à la vie sexuelle des travailleurs, le chômage ne la booste pas pour autant.

Là encore je refuse de laisser aux travailleurs le monopole de la fatigue, belle excuse pour s’affranchir des galipettes nocturnes (ou diurnes).

Le chômeur, ce passif, se doit d’être actif à l’horizontal pour compenser son manque d’activité due à l’absence de travail.

J’ai fouillé et je n’ai pas trouvé d’études d’un quelconque institut de sondage sur le sujet, (quand je vous dis que les chômeurs sortent des radars).

Je n’ai pas mené non plus d’enquêtes sur le sujet auprès de mes amis chômeurs ou travailleurs, la mission est indélicate vous en conviendrez.

Que ce soit dans les stat’ de l’INSEE ou bien sous la couette, le chômeur devient le passif.

A défaut de chiffres exacts, j’ai quelques pistes pour expliquer la panne de la chômeuse. Et la première cause est le refus, ceux qu’elle essuie régulièrement et qui finissent par atteindre son égo puis sa libido.

« On ne vous veut pas ».

« On ne vous désire pas ».

Pire, certains précisent même que ce n’est pas de votre faute mais c’est juste une question d’alchimie.

Bref on n’a pas envie de vous. Vous ne faites pas envie.

Après de long mois à chômer, c’est Pôle Emploi qui vous baise sans préliminaire et surtout sans votre consentement. Et avec lui, pas de migraine à prétexter.

Quand les autres vous disent non, petit à petit, vous devenez cette poupée qui à son tour dit « non, non, non, non, » même si on lui a appris à dire oui …

Ne pas être choisie. Ruminer sans cesse les raisons de ces refus. Trop de QE peut nuire au désir. Comment en effet libérer son cortex pour y laisser pénétrer … d’autres pensées, plus osées.

Peu à peu la chômeuse fuit ses rdv libidineux :

  • Pour des raisons physiologiques : comme l’actif, le chômeur de par sa grande activité liée à l’introspection qu’elle mène, nuit et jour, peut aussi avoir mal à la tête, et être fatiguée tout comme un actif (Cf V comme vacances).
  • L’ambiance et le décor sont également à prendre en compte. La chômeuse a besoin de dépaysement : de sa chambre, elle fait tout : dormir, bien sur, postuler aussi, au point d’avoir transformé son lit en bureau, parfois même en bureau des pleurs. Un espace de plus en plus incompatible avec une quelconque position du Kamasutra.
  • Pour des raisons physiques, enfin, avouons-le : en troquant ses talons et son mascara contre un jogging et un Labello, la chômeuse fait de moins en moins envie.

Et pourtant s’il y a bien une activité qui devrait la mobiliser c’est bien celle de la recherche du plaisir, celui de la chair. Celui qui rend les joues rouges et qui la rend belle.

A défaut d’être active et productive le jour, la chômeuse devrait se déchainer. Une activité sexuelle et régulière lui serait si salvatrice. Elle lui confèrerait une utilité : donner du plaisir à l’autre et accessoirement, en prendre, et retrouver ainsi la sensation de l’épuisement physique.

Mais la motivation n’est pas là. Elle s’est diluée dans les lettres.

Dans son état, regagner confiance serait déjà de bons préliminaires pour atteindre le Nirvana.

 

 

 

U comme Universel

A vous lecteurs, travailleur, actif : vous vous croyez sans doute immunisés contre le chômage ?

Non bien sur, cela peut aussi vous arriver vous dites-vous. Mais vous, actif, voire pro actif, vous saurez certainement rebondir pour ne pas devenir assisté. Quand on veut on peut, on vous le répète depuis que vous êtes enfant.

Mais ne jouez pas les malins car ça peut, aussi, vous arriver.  Ca vous est même déjà arrivé mais vous ne le voyez pas.

Le travail comme papa et maman ont connu avec la 5ème semaine de congés payés, le CE, le repas de Noël et les tickets restaurants – n’existera plus. Tout cela est bientôt fini et vos larmes n’y pourront rien changer.

A vous lecteurs, travailleur, actif : n’ayez crainte ! Vous ne deviendrez pas pour autant des chômeurs. Votre statut sera universel et vous confèrera un salaire. Un salaire universel. Un salaire qui vous permettra de garder la face et vous épargnera les remarques désobligeantes aux repas de famille.

Du chômage de masse à l’universalisation du non travail….

A vous lecteurs travailleurs, actifs toujours débordés qui m’avez juré tous les saints que vous rêviez d’avoir du temps pour faire de la zumba, du bénévolat, du tricot, un trek en Amérique du Sud, vous occuper de votre famille, réjouissez-vous ! Vous salivez déjà ? Patience. Vous l’aurez votre bilan non pas annuel, mais personnel, non pas avec votre N+1 mais avec vous même. Du temps pour vous penser, vous redéfinir, vous positionner dans une vie où le travail ne sera plus indispensable.

Proposer le revenu Universel à chacun, et ce en sa qualité d’être humain. Chacun percevra une minimum « distribué sans condition, il délivrerait les bénéficiaires de toute démarche humiliante ou ardue, ainsi que de tout sentiment de culpabilité, puisque ce droit serait ouvert sans restriction à chacun, comme l’attribut naturel de tout membre de la société »[1].

L’idée n’est pas nouvelle. Dès le 18ème siècle, Thomas Paine,  la suggérait déjà. Aujourd’hui, face à la raréfaction du travail salarié, elle s’impose dans certains think tanks.

On va tous devoir penser nos vies sans la valeur travail.

On va tous devoir redéfinir certaines notions qu’on pensait immuables telles que la réussite, la performance, le mérite.

Qu’allons-nous donc faire si nous sommes dépourvus de la nécessité de travailler ? Allons-nous tous devenir bénévoles ? Allons-nous tous monter des associations ? Allons-nous tous faire des expos ?

Vous n’y croyez pas ? Pure spéculation vous dites-vous ? Et pourtant …

Le gouvernement finlandais a déjà annoncé un projet de loi en ce sens. Et le système du revenu de base a déjà été expérimenté, en Alaska, où l’on a affecté à son financement une partie de la rente pétrolière. L’expérience a montré que les bénéficiaires, pour la plupart, ou bien gardaient un travail rémunéré, ou bien consacraient leur temps à des activités utiles à la société. Moins de 5 % d’entre eux choisissaient l’oisiveté intégrale.

La moitié des bénéficiaires a gardé un travail rémunéré … Cette moitié perçoit donc ce salaire universel et choisit de garder son emploi, par choix donc, choix de vie ou de philosophie. Cela en dit long sur la difficulté à se structurer sans travail. Un peu comme ces grands gagnants du loto, certes marginaux, qui veulent garder une activité professionnelle pour se structurer.

Ce n’est donc pas si évident de se projeter sans travail et ce, même si on a un revenu qui nous assure le toit, une assiette chaude et même un peu plus. Même si « Mr » travaille beaucoup, pour deux comme on dit, certaines personnes ont besoin de se réaliser en travaillant. Peu importe s’il existe d’autre sources d’épanouissement. Si travailler permet de nous rendre heureux acceptons alors qu’on peut être malheureux quand il fait défaut.

Ce n’est pas universel. C’est personnel.

[1] Libération 16/8/2015