R comme Reseau

A ne pas confondre avec le P de piston, gros mot appartenant à une autre époque. Non rien à voir !

Aujourd’hui on parle de réseau : une nébuleuse de vrais-faux amis, de connaissances plus ou moins lointaines dont l’influence supposée pourrait t’aider dans le monde du travail.
Hier, il te suffisait d’avoir un bon CV.
Aujourd’hui, oublie le car sans réseau il ne restera qu’un vulgaire bout de papier !

Pour travailler aujourd’hui et être sûre de ne jamais se retrouver à Pôle Emploi, pas le choix : il faut net-wor-ker : partout, tout le temps, et surtout avec tout le monde.
Reseauter, encore et toujours, et ne jamais baisser la garde.
Ludique ou plus consensuel, le networking doit devenir une deuxième nature, un deuxième job, LE job même de toute ta carrière.

Rester toujours en veille : le réseau ça s’étoffe, se renouvelle, s’enrichit. C’est ce qu’on appelle la dynamique du réseau !

Première leçon : il n’y a pas un réseau mais des réseaux.
Le premier, celui qu’on appelle le réseau primaire, se compose de personnes qui vous connaissent : amis, famille, voire même des parents d’élèves, enfin plutôt les mères d’élèves, celles qu’on rencontre tous les soirs à la sortie de l’école (période de la journée qui correspond au début d’après-midi pour ceux qui travaillent), ce moment critique de la journée qui augure une longue série de corvées, ce moment qui te rappelle justement qu’être active au sein de ton foyer ne fait pas pour autant de toi une femme active, celle qui a un vrai travail validé par une fiche de paye. Mais revenons à notre Réseau, seul allié qui t’aidera à redevenir une femme active avec plein de collègues pour déjeuner le midi.

Ces collègues, justement, qui deviennent de facto les membres de ton deuxième réseau, mais pas seulement : les ex collègues, les collègues de tes amis, bref tous les contacts de ton réseau primaire composent ton réseau secondaire. Géant, non ? Tous ces gens que tu ne connais pas au sens littéral du terme et qui deviennent, sans même le savoir, des alliés potentiels dans ta recherche d’emploi. Oui sans même le savoir car ces contacts ignorent parfois faire partie de ton réseau, ils n’ont pas le choix. C’est ainsi … Le réseau s’impose à toi, il est plus fort que toi.

Enfin troisième niveau : les réseaux parfaitement visibles et sollicités : les fameux réseaux sociaux et leurs dérives narcissiques. Facebook, Twitter, Viadeo et Linkedin pour les plus connus. 
Difficile de ne pas y être sous peine d’être suspecté d’être :
– sociopath’, voire anar
– contre les outils modernes et donc contre le progrès,
– « has been », bloqué à l’ère du Minitel.

J’ai testé les méthodes du Networking. 
Contacter, solliciter un rdv, remercier, souhaiter mes vœux au nouvel an, liker, tweeter, retweeter, reliker … et j’en tire un bilan mitigé, très mitigé. 
C’est vrai: un réseau ça s’élargit, s’étoffe et s’enrichit. Et puis ? 
On accumule des noms, on croit dérouler la pelote de laine qui nous amènera encore vers un nouveau contact lequel nous aidera à retrouver ce nouveau poste tant attendu.

Le Networking m’a même fait rêvé. Surtout ce jour où j’ai décroché un rendez-vous avec un grand Mr du PAF qui a accepté de me recevoir. Moi Anna, simple ex-chroniqueuse. Une demie-heure d’entretien durant laquelle il a beaucoup parlé de lui, et a fini par me dire «  Je ne sais pas quoi faire pour vous aider mais surtout ne vous découragez pas ! »
Lui, le bottin vivant du PAF ! Lui, le Père Fouras de la télé. Lui qui y travaille depuis plus de 40 ans prétend donc, tel un pauvre stagiaire, ne pas pouvoir m’aider ?! Même pas une petite piste, un petit nom. Nada ! 
Pourquoi m’avoir donc reçue (Cf E comme entretien)? 
Peut-être cherchait-il lui aussi à networker ? Mais serait-ce donc sans fin ?

Finalement, il m’arrive parfois de regretter le bon vieux concept du piston, certes plus péjoratif mais tellement plus efficace !

B comme Blacklisté(e)

La grande famille de la télé serait–elle plus redoutable que celle des Ewing ? Doit-on résister ou bien dénoncer la perversion de certains gourous cathodiques ?

Je n’ai pas de réponse, simplement un vécu un peu douloureux mais qui me donne envie aujourd’hui d’en rire !

« Résister quoi qu’il se passe et savoir s’adapter quelque soit la situation : c’est la principale qualité d’une journaliste tv» me murmure un soir de fin de saison un responsable des programmes d’une chaine nationale, celle qui privilégie le savoir, une coupe de champagne à la main, une cigarette électronique dans l’autre… Pas de reproche, juste le conseil d’un ami qui me veut du bien, précise-t-il. « Il ne fallait pas craquer (…) songez-y à l’avenir »
Songer à quoi ? A serrer les dents ? 
En cas de pression, de surcharge de travail ? Bien sur.
En cas d’actu chaude, comme on dit ? Evidemment. 
En cas de harcèlement ? Certainement pas !

Travailler avec une star du PAF ça force le respect et l’admiration. Mon côté « old school » sans doute… Le respect de l’aîné m’empêche de broncher, jamais d’irrévérence même si le sens de la répartie qui me caractérise pourrait bien clouer le bec du boss…
Alors on écoute, et on écoute tous les jours les remontrances supposées fondées et donc légitimes. Après tout c’est lui le pro, le Grand de la télé, de l’info, du verbe, du direct, c’est lui qui sait tout, sur tout et tout le monde… On fait le dos rond, persuadé que l’apprentissage se fait forcément dans la douleur, quitte à se faire harceler.
Mais être harcelé(e) moralement ça ne veut rien dire. C’est subjectif comme concept me direz-vous! C’est un peu comme le harcèlement sexuel, difficile à prouver ! Après tout est harcelé qui veut bien l’être ! N’est-ce pas ?
Peu importe, un jour on craque et on dit stop.
Malheur ! ”Ne jamais laisser ta chaise vide » me dit-on,tu risquerais ensuite d’être blacklistée par la chaine, le groupe, la profession toute entière, et pourquoi pas par CNN et peut être même Al Jazeera !! « une-mauvaise-réputation-peut-être-fa-ta-le !!! » me martèle-t-on. 
Je n’entends rien. Je ne cherche qu’une chose : me protéger.

Tant pis pour ma carrière à la télé ! J’accepte de porter mon nez rouge quitte à devoir peut-être renoncer à ce métier : celui qui consiste à décrypter, relayer, analyser et commenter le monde qui m’entoure.

Des mois de chômage et quelques vrais-faux entretiens plus tard, (cf E comme entretien) je mesure les conséquences de mon geste. 
Peut être avaient-ils raison ? J’aurais dû résister, accepter et continuer à me faire humilier. J’y serais sans doute encore à la télé.
Pourquoi ai-je craqué ? J’aurais pu faire une petite chronique, de deux petites minutes, sur une petite chaîne du câble, du moment qu’on voyait ma trombine dans la lucarne.
Au lieu de ça, je suis à Pôle emploi et blacklistée de surcroît !
Mais qu’ai-je donc fait pour mériter un tel sort ? 
– Je n’ai poussé personne dans les escaliers,
– Je n’ai jamais fait péter mon décolleté (j’aurais peut-être dû),
– Je n’ai pas eu l’occasion de refuser de relations sexuelles  avec un dirigeant de la chaine (j’aurais peut-être dû aussi),
– Je n’ai pas twitté de commentaires délicats sur la chaîne, ni sur la prod, encore moins sur le programme (déjà critiqué en interne),
– Je n’ai pris aucun jour de congé pour garder l’un de mes enfants malades, 
– J’estime même que dans les conditions qui étaient les miennes, j’ai parfaitement fait mon travail.
C’est pourtant ainsi : je suis blacklistée car j’ai osé remettre en cause les agissements d’un pervers narcissique et ceux de son acolyte. 
Erreur ? D’un point de vue stratégique, c’est même une énorme erreur !

Et puis après tout on se dit que ça arrive aux plus grands, c’est peut-être même un passage obligé. Une petite traversée du désert, ça forge le caractère… Rappelez-vous Patrick Sabatier, Dorothée, Chantal Goya et même Paul Amar, ont été un temps blacklistés.

Je ne ferai sans doute plus “de télé” comme on dit. 
C’est vraiment dommage. 
Difficile à digérer … 
Y retourner ? Pourquoi pas, mais à deux conditions :
– y prendre du plaisir
– et ne plus jamais serrer les dents pour être reconduite, coûte que coûte, en septembre.
Si non tant pis … Je trouverai bien des idées de reconversion (cf I comme idées).

 

P comme Pôle emploi

Des Paul(e), Paulo, même Paolo j’en ai connus, certains méditerranéens, chaleureux, un brin paternaliste, ils ont toujours été plus ou moins bienveillants.

Eux, ne m’ont jamais fait perdre le Nord.Pas comme ce Pôle, dont l’accent me laisse, non circonflexe, mais très perplexe quant à son utilité.

Pôle Emploi : Pourquoi ? Pour qui ?

Un endroit rien qu’à soi où des spécialistes de l’emploi sont censés t’aider à en retrouver un. Des pro du CV, de l’annonce, du marché …. Mais rarement de ton métier.

Des inconnus censés devenir tes coachs, tes meilleurs alliés.

Ces mêmes alliés vont pourtant être à l’origine de plusieurs déconvenues : ils te fixeront rendez-vous pour « faire le point », puis annuleront tout en reprogrammant, et tout ça le même jour !

Des alliés qu’il ne faut surtout pas contredire, encore moins tenter de comprendre, surtout pas ! ils pourraient te renier ou plutôt te radier.

Exit l’ANPE, voici Pôle Emploi : rebaptisée et rénovée, on pouvait imaginer la nouvelle agence pour l’emploi plus moderne, en phase enfin avec le marché et le recrutement 2.0.

Illusion ! Nouveau nom, nouveau site, certes, mais toujours ces mêmes inepties qui nous font perdre le nord.

« Vous avez apporté votre CV ? »

« Non mais j’ai créé un site qui retrace mon parcours avec bien sur mon cv disponible en ligne ». A l’heure du RH 2.0, ma réponse me semblait moderne car adaptée aux nouveaux outils et prouvait ma démarche pro active. La suite, absurde, allait rapidement me faire déchanter.

« Un site ? Non il nous faudrait un CV-papier (…) vous nous l’apporterez la prochaine fois, en attendant vous pouvez nous l’envoyer via votre espace personnel sur le site de Pôle emploi ». 

Ils connaissent donc bien Internet et s’en servent même pour travailler. Me voilà donc rassurée mais toujours perplexe. En face de moi la pro du CV-papier semble têtue, voire obtuse. Je tente donc une nouvelle fois. « Mais vous pouvez quand même noter l’adresse de mon site ; en attendant il vous renseignera sur mes expériences»

« Nos préférons avoir un CV-papier. En parlant de CV, si vous le souhaitez Pôle emploi organise des ateliers pour apprendre à faire son CV, à l’optimiser … »

« Non merci ça ira, enfin je pense…. »  répondis-je.

La Pro du CV-papier, poursuit. Et se montre finalement plus lucide et réaliste quant à sa mission et celle de son Pôle.

« Vous êtes journaliste vous avez donc l’habitude de rechercher et j’imagine que vous n’avez pas trouvé vos emplois précédents grâce à nous ? (Bravo pour cette clairvoyance). Néanmoins selon la procédure je dois suivre vos démarches et prouver que vous êtes bien en recherche active. Aussi en conclusion je vous propose d’écrire ceci dans votre dossier »

«Vous cherchez un emploi de rédacteur dans divers médias : presse, radio et télé pour une cible institutionnelle, professionnelle et/ou grand public.Cela vous convient-il ? »

Je valide le texte. Cette conclusion ne veut strictement rien dire ; elle va même à l’encontre du bon sens, celui qui consiste à cibler son public et son recruteur potentiel. Peu importe. Les recruteurs potentiels, surtout dans mon secteur d’activité ne vont jamais chercher leur candidat potentiel chez Pôle emploi !

Je promets de revenir avec mon cv-papier au prochain rdv, lequel sera probablement annulé, puis reporté, et reprogrammé à une date antérieure à celle initialement fixée …

Ne pas chercher à comprendre, surtout pas ! Je garde le cap pour ne pas perdre le Nord.