U comme Universel

A vous lecteurs, travailleur, actif : vous vous croyez sans doute immunisés contre le chômage ?

Non bien sur, cela peut aussi vous arriver vous dites-vous. Mais vous, actif, voire pro actif, vous saurez certainement rebondir pour ne pas devenir assisté. Quand on veut on peut, on vous le répète depuis que vous êtes enfant.

Mais ne jouez pas les malins car ça peut, aussi, vous arriver.  Ca vous est même déjà arrivé mais vous ne le voyez pas.

Le travail comme papa et maman ont connu avec la 5ème semaine de congés payés, le CE, le repas de Noël et les tickets restaurants – n’existera plus. Tout cela est bientôt fini et vos larmes n’y pourront rien changer.

A vous lecteurs, travailleur, actif : n’ayez crainte ! Vous ne deviendrez pas pour autant des chômeurs. Votre statut sera universel et vous confèrera un salaire. Un salaire universel. Un salaire qui vous permettra de garder la face et vous épargnera les remarques désobligeantes aux repas de famille.

Du chômage de masse à l’universalisation du non travail….

A vous lecteurs travailleurs, actifs toujours débordés qui m’avez juré tous les saints que vous rêviez d’avoir du temps pour faire de la zumba, du bénévolat, du tricot, un trek en Amérique du Sud, vous occuper de votre famille, réjouissez-vous ! Vous salivez déjà ? Patience. Vous l’aurez votre bilan non pas annuel, mais personnel, non pas avec votre N+1 mais avec vous même. Du temps pour vous penser, vous redéfinir, vous positionner dans une vie où le travail ne sera plus indispensable.

Proposer le revenu Universel à chacun, et ce en sa qualité d’être humain. Chacun percevra une minimum « distribué sans condition, il délivrerait les bénéficiaires de toute démarche humiliante ou ardue, ainsi que de tout sentiment de culpabilité, puisque ce droit serait ouvert sans restriction à chacun, comme l’attribut naturel de tout membre de la société »[1].

L’idée n’est pas nouvelle. Dès le 18ème siècle, Thomas Paine,  la suggérait déjà. Aujourd’hui, face à la raréfaction du travail salarié, elle s’impose dans certains think tanks.

On va tous devoir penser nos vies sans la valeur travail.

On va tous devoir redéfinir certaines notions qu’on pensait immuables telles que la réussite, la performance, le mérite.

Qu’allons-nous donc faire si nous sommes dépourvus de la nécessité de travailler ? Allons-nous tous devenir bénévoles ? Allons-nous tous monter des associations ? Allons-nous tous faire des expos ?

Vous n’y croyez pas ? Pure spéculation vous dites-vous ? Et pourtant …

Le gouvernement finlandais a déjà annoncé un projet de loi en ce sens. Et le système du revenu de base a déjà été expérimenté, en Alaska, où l’on a affecté à son financement une partie de la rente pétrolière. L’expérience a montré que les bénéficiaires, pour la plupart, ou bien gardaient un travail rémunéré, ou bien consacraient leur temps à des activités utiles à la société. Moins de 5 % d’entre eux choisissaient l’oisiveté intégrale.

La moitié des bénéficiaires a gardé un travail rémunéré … Cette moitié perçoit donc ce salaire universel et choisit de garder son emploi, par choix donc, choix de vie ou de philosophie. Cela en dit long sur la difficulté à se structurer sans travail. Un peu comme ces grands gagnants du loto, certes marginaux, qui veulent garder une activité professionnelle pour se structurer.

Ce n’est donc pas si évident de se projeter sans travail et ce, même si on a un revenu qui nous assure le toit, une assiette chaude et même un peu plus. Même si « Mr » travaille beaucoup, pour deux comme on dit, certaines personnes ont besoin de se réaliser en travaillant. Peu importe s’il existe d’autre sources d’épanouissement. Si travailler permet de nous rendre heureux acceptons alors qu’on peut être malheureux quand il fait défaut.

Ce n’est pas universel. C’est personnel.

[1] Libération 16/8/2015

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