X comme ce chromosome

X comme ce chromosome qui nous confère ce précieux 6ème sens, les fabuleuses joies de la maternité, une parfaite maitrise des tâches ménagères … ce même chromosome nous est pourtant défavorable sur le marché du travail. Vérité de La Palice me direz-vous ! Certes, je ne vous apprends rien. Mais alors pourquoi nous marteler ces mêmes slogans tous les ans à l’occasion de la journée de la femme :
« Egalité salariale », « Au travail, hommes – femmes même combat ! » Et toujours si peu d’avancées. Même une Ségolène Royal au second tour n’y a rien changé !

Aigrie Anna ?… Non réaliste une fois de plus et peut-être pessimiste, c’est vrai … Mais il y a de quoi !

Lors d’un entretien, un directeur de la rédaction d’une chaine d’information, celle qui donne la priorité au direct, accepte de me recevoir grâce à l’aide d’un ami d’un collègue de mon mari (Cf R comme réseau, primaire et secondaire). 

Ravie, je compte bien tout faire pour réussir ce rdv. Je ne veux donc rien laisser au hasard.
J’ajuste mon cv, me soumets à un média training rigoureux. Je répète devant ma glace, j’imagine plusieurs scénarii et tente de deviner les questions auxquelles je devrai certainement répondre le jour J : 
comment concilier hard-news et analyse de l’information ?
– comment vérifier les sources d’information à l’heure des réseaux sociaux ?
– comment promettre une extrême réactivité tout en garantissant un sens aigu de la synthèse et de l’analyse d’information ?

Mais je n’y suis pas du tout ! Naïve que je suis !

La première question (et la dernière) fut finalement beaucoup plus pragmatique et d’ordre purement logistique :
« Comment comptez-vous faire garder vos jeunes enfants ?» Tiens cette question à un air de déjà entendu… Souvenez-vous quand Laurent Fabius ironisait sur la candidature de Ségolène Royal à l’élection présidentielle avec cette question « mais qui gardera les enfants » Ah Ah Ah Ah Ah qu’est-ce qu’on se marre !

« Mes enfants ? »  Répondis-je. « Ils sont inscrits à la crèche de 8h à 19h ». A ma connaissance aucun journaliste n’assure intégralement cette tranche horaire. 
Peut-être voulait-il me proposer la tranche 0h-4h. Comme c’est dommage, je ne serai pas disponible pour créneau. La crèche est en effet fermée la nuit, c’est vraiment bête !

L’entretien fut bref et s’est soldé par une ineptie qui caractérise tellement ces vrais-faux entretiens (cf E comme https://annaploime.wordpress.com/?s=E+comme+entretien) :

« En ce moment, nous ne recrutons pas de nouveaux journalistes-présentateurs. » 
Pas un mot sur mes expériences passées, ni sur mes (éventuelles) compétences. Même pas l’ébauche d’une réflexion sur l’info en continu, ses écueils, voire ses dérives….
Non. Ce directeur n’aura finalement retenu qu’une chose de mon CV : mon statut parental. J’ai 2 enfants. Mon mari aussi. Mais à lui, la question relative à la garde des enfants ne lui a jamais été posée.

Aurais-je dû procréer une fois ma carrière bien lancée et prendre ainsi quelques risques avec mon horloge biologique ? Bien sur que non !

En conférence de rédaction, ce même directeur a dû certainement commander auprès de son équipe de journalistes plusieurs reportages à l’occasion de la Journée de la Femme. Il a dû proposer l’organisation de débats avec des experts et sociologues sur le sujet … Et s’est même probablement targué d’avoir un taux élevé de femmes (jeunes et jolies pour la plupart) parmi ses collaborateurs, sans doute d’ailleurs.

Mais quand même cette question sur la garde de mes enfants. 
Etre une femme … 
Etre une feeeemme comme chantait Michel Sardou déjà très lucide dans les années 80 quand il claironnait « Question salaire, ca ne va pas mieux … celui d’un homme coupé en deux … On les enfume de parité mais qui promet l’égalité » !

 

5 réflexions sur “X comme ce chromosome

  1. bonjour… je vous ai pistée depuis le blog de sophie…
    bon, ben… moi… on m’a fait le même coup de façon symétrique : célibataire total, jamais eu ni femme, ni enfant évidemment, ben on m’a demandé de m’en justifier…

    ça rejoint aussi votre article sur l’âge : je suis chômeur depuis 14 ans, j’ai 54 ans, je ne retrouverai jamais de travail.

    ça tient à la logique de catégorisation sociale et à la hiérarchisation de ces catégories.
    on catégorise d’abord sur les éléments biologiques, âge, sexe, plastique. ensuite à partir de ces éléments, les gens vous attribuent un modèle culturel de référence, selon lequel à l’égard des précédents critères, vous devez avoir d’autres caractéristiques, plus historiques, événementielles, traduisant l’adhésion à ce modèle. si vous ne les avez pas, ça permet aux gens de vous dévaloriser et de se valoriser. donc de juger autrui pour le mépriser. et de rabaisser systèmatiquement toute expression de potentiel ou de richesse qu’ils ignoreraient ou donc n’auraient pas, et qui donc, risqueraient de les dévaloriser.

    j’fais simple dans l’explication hein…

    • Bonjour
      Merci pour votre commentaire et le partage d’expérience. A la lettre D je songe à parler de discrimination car je suis effarée de lire votre vécu: devoir se justifier sur son célibat ou d’autres aspects de sa vie perso est tellement intrusif ! Je suis parfaitement d’accord avec vous à propos de la logique de catégorisation sociale et aux spirales qui s’avèrent parfois infernales.
      Bon courage

      • rebonjour Anna
        la discrimination, tient elle aussi du mécanisme de catégorisation, évidemment, parce qu’il est à la base de tous les autres, y compris dans la construction des percepts… on transforme des signaux sensoriels continus en signaux discontinus, qu’on organise, qu’on référencie, et après, ça se gâte…
        la discrimination, tient à plusieurs aux mécanismes économico-sociaux.
        l’identité de groupe sert initialement la cohésion du groupe et la coopération de ses membres.
        mais elle joue aussi le rôle de juge dans le choix des éléments avec qui on collabore ou pas.
        donc qui on exclue d’un réseau, d’un maillage social et qui on y intègre.
        à la base, tout individu, répond au « chaos » sensoriel du monde, en le « simplifiant ».
        selon la construction de ses moyens cognitifs, les individus simplifient plus ou moins… ce qui donne par la suite, des gens plus ou moins « souples », ou « rigides » psychologiquement…
        dès la base, le monde est une contrainte, le monde est chaos, imprédictible, donc, angoissant.
        et puis…
        dans certaines circonstances, le monde devient encore plus contraignant…
        les gens le simplifient encore plus…
        quand il faudrait au contraire être capable d’encore plus… de coopération… ils sélectionnent, éliminent… voire… font mourir… tout ce qui semblent ne pas être à leur image, parce que le « même » est plus facile à identifier, à prédire, autant qu’à rivaliser.
        la rivalité, valorise.
        elle renforce l’assurance qu’on est « bien » parce que l’autre est « pareil ».
        le même et la rivalité redonne l’impression de « toute puissance » sur un monde angoissant.
        évidemment, ils ne voient pas du tout que ce monde angoissant tient essentiellement à leur « mentalité »…
        Jésus « aurait » dit « ils ne savent pas ce qu’ils font »…
        la discrimination va jusqu’au sacrificiel : elle met à distance, la culpabilité, la mauvaise conscience, la crainte de l’aveu de son impuissance devant l’angoisse de la non-toute-puissance…

      • L’impression de toute puissance …oui ça rassure et permet de dominer d’ailleurs certains se sentent immunisés contre le chômage; j’ai déjà entendu ce genre de propos « je ne lis pas ton blog ne te vexe pas mais àa ne me parle pas; je ne suis pas dans la cible  » ils ont tort car le sujet devrait malheureusement parler de plus en plus a beaucoup de monde, tout secteurs confondus.
        Vous devriez écrire (pourquoi pas un blog 😉 je crois que vous en avez bcp sur le coeur ou sous la plume … Bon courage encore et bravo pour votre regard très clairvoyant.

  2. bonjour Anna

    j’ai eu plusieurs blogs, assez tôt d’ailleurs, et j’ai beaucoup écrit.
    j’ai aussi écrit plusieurs romans… dont un a été publié par un éditeur… sans résultat commercial évidemment…

    je n’ai pas eu de lectorat…

    j’écris sur les blogs des gens qui sont lus, et ça me permet parfois d’échanger avec d’autres personnes… il y a quelques traces sur le site indiqué dans mes coordonnées…

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