T comme Temps

Au chômage la relation au temps change radicalement.
Rien a voir avec la météo ! Non au chômage le temps est de toute façon toujours maussade.
Non je veux parler du Temps, celui qui passe, défile et nous rattrape.
Mais surtout du temps libre … Celui après lequel tout le monde semble vouloir courir. 
Ce temps libre qui fait tant rêver, parfois fantasmer, ce même temps peut pourtant effrayer, angoisser et nous faire glisser progressivement, subrepticement dans l’abîme quand on est au chômage.

Mais avant de poursuivre, une redéfinition, ou plutôt une re-contextualisation s’impose.
Le temps libre choisi, anticipé, programmé, limité cela s’appelle des VA-CANCES : payés ou sabbatiques, ces congés sont désirés, et très souvent source de plaisir. 
En revanche, le temps libre imposé, illimité, est quant a lui subi et source de ruminations. Le temps libre devient paradoxalement aliénant.

Cette petite explication me semblait capitale pour permettre une meilleure perception du temps libre selon qu’on est actif ou au chômage.

Combien de fois ai-je entendu ces phrases :
« Tu as de la chance, Moi si j’avais du temps JE :
ferais du sport, 
– me mettrais à l’anglais,
– ferais de la couture
– irais voir plein d’expo,
– ferais des formations
– serais bénévole
– apprendrais la zumba
– cuisinerais tout bio
Oh lala si j’étais à ta place, tu ne vas pas me croire, je n’aurais même plus une minute à moi »

Non, en effet, je ne te crois pas.

Le temps libre serait donc seulement des heures à combler, un sac vide à remplir …
Tous, amis, ex-collègues, même mon mari semblent avoir LA solution : m’O-CCU-PER !! Pourquoi ne pas faire du bridge et des cup’cakes c’est tellement tendance!! 
Occuper, combler, courir … donc. 
Et finalement, peut être le fuir ce temps, voilà donc leurs conseils pour m’aider ?
M’aider ? Sans le savoir ils m’enfoncent, m’accablent, m’enivrent avec tous leurs
« y’a-qu’a-tu-devrais » et me renvoient une image nonchalante. Ils arrivent même à m’en persuader… c’est vrai je devrais me bouger, faire plein de trucs, être hyper active, être Pro-Du-Ctive !!

Mais ce n’est pas si simple. D’abord être au chômage implique la recherche d’un nouvel emploi et des heures à rédiger des lettres de motivation, à refaire des CV, contacter son réseau (cf R comme Réseau), se faire de nouveaux contacts, aller à des vrais-faux entretiens (cf E comme Entretien). 
Espérer/déprimer/de nouveau espérer/redéprimer/être déçue/pleurer/ se persuader qu’on est toujours capable/renforcer son ego/se valoriser tout en acceptant de bifurquer/ trouver de nouvelles idées (cf I comme idée) de reconversion/
Fatiguant non ? Mais surtout très accaparant. Ben oui ce chaud-froid permanent ce sont des émotions et les digérer vous allez rire, ça prend beaucoup de temps, cela empiète même sur son temps libre : comprendre, analyser, se remettre en cause … Avec tout ça, vous croyez vraiment que j’ai le temps d’aller à des expo et faire de la zumba ? Non sérieusement !!

Ces rendez-vous avec soi-même sans pouvoir annuler, ça prend un temps fou…. Parfois je n’ai même plus le temps !

Et puis qui dit temps libre ne signifie pas pour autant envie et désir (cf D comme Désir)! Faut être au top pour vouloir bouger ses fesses sur des rythmes brésiliens quand dedans on est plutôt en mode fado… faut avoir envie, même plus, il faut avoir l’envie d’avoir envie comme chantait Johnny.

Le temps libre donc … Un concept grisant au mois d’août sur une plage de sables blancs, mais beaucoup moins sympa en plein mois de novembre, avec des indemnités qui fondent comme neige au soleil.
« Vouloir du temps pour soi »? Je vous invite tous à prendre cette expression au pied de la lettre. Mais attention vous risqueriez de déchanter, vous pourriez même être débordé.
L’introspection, ca prend du temps !

 

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